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La marque

 

 

Voilà le genre de réunion du Conseil que savait pleinement apprécier Régis, de Bois Isolé ! Le halfelin, bien carré dans son siège rembourré, les mains croisées derrière la tête, une expression de satisfaction sans mélange sur son visage angélique, regardait les bandits de grand chemin faits prisonniers au sud de Bremen et qu’on amenait à présent devant les honorables membres de l’assemblée. Il en manquait deux ; l’un devait se remettre – ou non – d’un tout nouveau creux qu’il avait à la poitrine, l’autre, la femme qu’on pensait à la tête de cette bande, restait pour l’instant dans une autre pièce. On la ferait entrer plus tard.

— Ce doit être merveilleux d’avoir des amis si puissants, chuchota cyniquement à l’oreille de Régis le conseiller Tamaroot, de Havre-du-Levant, qui n’avait jamais adoré le délégué halfelin.

— Ces deux-là…, répondit l’interpellé à voix plus haute pour que les trois autres représentants de ce côté de la salle entendent eux aussi.

Il s’arrêta, le temps de s’assurer de l’attention des quatre personnages, et aussi d’un ou deux parmi les cinq qui siégeaient en face – sans compter celle de l’Ancien Cassius –, avant de désigner les deux brutes qu’il avait combattues, ou, plus exactement, qu’il avait fait se combattre.

— … Je les ai eus tous les deux, sans aucune aide ! conclut-il.

Tamaroot broncha, se rencogna dans son siège.

Régis lissa du bout des doigts ses boucles brunes, remit les mains derrière sa tête, un irrépressible sourire aux lèvres.

Après l’exposé des faits, sans autre remarque de la part des conseillers, Cassius annonça la sentence sans surprise :

— Comme vous n’avez tué personne – du moins à notre connaissance –, votre vie n’est pas sur la balance.

— … Sauf à considérer le coup de hache porté par Bruenor à celui qui ne comparaît pas ! lança le délégué de Caer-Konig, le plus jeune et souvent le moins délicat de l’assemblée.

La remarque n’était pas de très bon goût, mais elle fit retentir quelques gloussements amusés dans la salle solennelle. Cassius se racla la gorge pour rappeler l’assemblée à l’ordre.

— Vos crimes n’en resteront pas pour autant impunis ! annonça-t-il. Vous êtes condamnés à dix ans de travaux forcés à bord d’un bateau naviguant sur Maer Dualdon, que désignera le conseiller Kemp. Les gains que rapporteront vos prises seront versés au bénéfice du fonds commun de Dix-Cités, retranchés évidemment des dépenses correspondant à l’entretien du navire et des gardes ainsi que du minimum nécessaire pour assurer votre subsistance. Acceptez-vous cette sentence ?

— Comme si on avait l’choix ! commenta un des brigands, l’homme charpenté vaincu par Catti-Brie.

— Oh, mais vous l’avez ! intervint Kemp sans laisser à Cassius le loisir de répondre. Les autorités de Luskan vous auraient exhibés au Carnaval du Prisonnier et torturés à mort devant une foule excitée de spectateurs ravis… Nous pouvons très bien organiser le même genre de cérémonie, vous n’avez qu’à demander. (À la fin de sa dure tirade, le conseiller de Targos regarda Cassius qui hocha gravement la tête pour marquer son approbation.) Alors, que préférez-vous ?

La réponse ne laissait guère de doute. On fit sortir le groupe d’hommes mécontents. Ils seraient menés hors de Bryn Shander, jusqu’à Targos où les attendait leur prison flottante.

Dès qu’ils furent sortis, Cassius proposa un hourra du Conseil en l’honneur de Régis et de ses compagnons, pour le bon travail accompli.

Le halfelin en savoura chaque seconde.

— Il se peut que nous ayons encore besoin, et bientôt, des Compagnons du Castel, indiqua ensuite l’Ancien.

Il fit signe aux sentinelles à l’entrée de la salle. L’une d’elles sortit et revint avec Gemme Poivre, qui, en dépit de sa capture et de son emprisonnement, conservait une allure imposante.

Régis la considéra avec un solide respect. Les cheveux noirs de cette grande femme brillaient, ses grands yeux intelligents plus encore ! Elle se tenait bien droite, fière, donnant l’impression de ne considérer ce moment humiliant que comme un déplaisir passager causé par de pitoyables créatures, geôlières provisoires sans réel pouvoir sur elle.

Sa tenue pratique – tunique, pantalon serré – avait fait place à une robe grise sans apprêt, dénuée de manches et trop courte pour une personne de sa taille ; Gemme la gardait très basse sur l’encolure. Ce vêtement était tout simple, vraiment, presque informe, mais la femme qui le portait était parvenue à le transcender : son décolleté mettait en valeur sa superbe poitrine imposante. Il y avait même une déchirure sur le côté, que Régis soupçonnait cette amazone d’avoir faite à dessein, car, par cette fente, se laissait voir une jambe lisse, aux belles courbes.

— Gemme Poivre ! prononça Cassius d’un ton intrigué, un peu railleur. Cette famille, « Poivre », quelle est son origine ?

— Devais-je donc demeurer enfermée dans la prison du nom que mes parents m’avaient choisi ? répliqua la femme d’une voix profonde, sonore, chargée d’un accent oriental qui appuyait également sur chaque mot, le martelant d’un son bref. Ne puis-je décider de la manière dont on m’appelle ?

— La coutume le veut autrement, rappela sèchement Cassius.

— La coutume de gens sans intérêt ! Les gemmes brillent et le poivre pique.

Gemme arbora alors un sourire irrésistible qui parut troubler plus d’un conseiller. Un seul des représentants était une femme.

Régis lui aussi était impressionné, mais il s’efforça de ne pas se laisser arrêter par la prestance physique de la prisonnière dont les qualités de manipulatrice lui paraissaient bien plus intéressantes. Il s’agissait de se méfier de cette Gemme, le halfelin s’en rendait bien compte ! En même temps, il ne pouvait nier la curiosité qu’inspirait cette créature. On avait envie de mieux la connaître…

— Puis-je demander pourquoi on me retient contre ma volonté ? reprit la femme quand le groupe eut repris ses esprits.

(L’un des membres du Conseil avait un peu tiraillé son col, comme pour laisser de la chaleur s’échapper de son corps en feu !)

Cassius eut à son endroit un reniflement et un geste dédaigneux.

— Pour tes crimes à l’encontre de Dix-Cités, cela va de soi !

— Citez-les-moi ! Je n’ai rien fait.

— Ta bande…, commença l’Ancien.

— Je n’ai aucune bande ! l’interrompit Gemme, dont les yeux plissés de colère jetèrent un éclair. Je me rendais à Dix-Cités quand j’ai croisé par hasard la route de ces ruffians. Je ne savais pas qui ils étaient, ni ce qu’ils faisaient en ce lieu à ce moment, mais ils avaient un bon feu, assez de nourriture, et n’importe quelle compagnie était bienvenue pour me distraire du sifflement incessant du vent.

— C’est grotesque ! protesta un conseiller. Tu semblais très bien savoir de quoi tu parlais lors de ta discussion avec les deux qui t’ont rejointe, morts de peur. Drizzt Do’Urden en personne en a témoigné, et j’accorde toute ma confiance à ce drow-ci.

— Certes, appuya un autre représentant.

— Je vous prie de me répéter exactement ce qu’il a dit, dans ce cas. (Le sourire de la femme clamait qu’elle n’avait pas peur de la réponse qu’on pourrait lui faire.) Oui, je savais de quoi je parlais quand je discutais avec ces deux imbéciles de Drizzt, Catti-Brie ou Bruenor… Je ne nie pas en savoir autant sur eux que n’importe qui d’un peu au fait s’aventurant dans le Valbise ! Ne savais-je pas de quoi je parlais quand j’ai dit à ces pauvres crétins qu’ils avaient stupidement agi, que l’elfe noir et ses compagnons leur avaient tendu un piège ? J’ose dire que cette déduction ne nécessitait guère d’intelligence…

Les conseillers se mirent à échanger leurs points de vue en murmurant. Régis jeta un regard scrutateur à Gemme ; le sourire du halfelin exprimait le respect qu’il éprouvait pour la ruse de la femme, rien de plus. Il voyait bien qu’avec ses formes étourdissantes jointes à son astuce et son discours habile elle avait de bonnes chances de se sortir sans dommage de ce mauvais pas !

Il savait aussi que, en dépit de ses dénégations, Gemme Poivre avait bel et bien dirigé la bande de détrousseurs.

— Nous en débattrons plus tard, trancha Cassius au bout d’un moment.

Les conversations individuelles des délégués se muaient en débats houleux, les divergences d’opinion se faisaient par trop criantes dans l’assemblée. Gemme accorda un sourire entendu à l’Ancien.

— Je peux partir, alors ? demanda-t-elle.

— On te ramène dans les quartiers que nous avons mis à ta disposition, annonça le notable qui ne s’en laissait pas conter.

Il fit signe aux gardes qui vinrent encadrer la femme. Celle-ci accorda un regard impérial à Cassius et se retourna pour partir, faisant onduler ses épaules d’une manière propre à faire une fois de plus transpirer les hommes du Conseil.

Tout cela faisait franchement sourire Régis… mais, un instant plus tard, au moment où Gemme complétait son demi-tour, il en resta bouche bée, l’œil exorbité : il venait de remarquer juste sous l’épaule droite de la femme une marque qu’il connaissait bien !

— Attendez ! s’écria le halfelin. (Il sauta de son siège, se plia en deux pour passer sous la grande table qu’il ne voulait pas perdre de temps à contourner. Les gardes, comme Gemme, s’arrêtèrent, se retournèrent, étonnés par cette subite agitation.) Retourne-toi. Allez ! (Il accompagnait son ordre du geste ; la femme, sans réagir, le regardait d’un air incrédule, curieuse d’abord, puis mécontente.) Cassius, fais-la se retourner ! demanda Régis en désespoir de cause.

Mais l’Ancien le considérait avec la même perplexité que Gemme. Le halfelin n’attendit pas davantage ; il courut jusqu’à la prisonnière, lui prit le bras droit, tira. La femme voulut résister, mais le petit homme était plus fort qu’il y paraissait ! D’une traction soudaine, il lui imprima un mouvement qui mit brièvement en lumière la fameuse marque.

— Là ! s’écria-t-il, pointant un doigt accusateur sur le dessin.

Gemme s’écarta, mais l’attention de tout le monde était désormais éveillée : les conseillers se penchaient en avant. Cassius, approchant, ordonna à la prisonnière de rester le dos tourné, et aux gardes de l’obliger à demeurer en position si elle renâclait.

Secouant la tête avec indignation, Gemme finit par se soumettre.

Régis monta sur une chaise pour mieux voir, mais il savait déjà que ses yeux perçants ne l’avaient pas trompé. Le symbole imprimé sur l’épaule de la femme était un dessin unique créé par Bruenor Marteaudeguerre, une signature qu’il n’avait utilisée qu’une fois, lors de la fabrication de Crocs de l’égide. Mieux encore, cette marque avait exactement la taille de la gravure sur le métal de l’arme ! Il semblait que le marteau brûlant ait été appliqué sur la peau… Régis crut s’évanouir.

— Où as-tu eu cela ? demanda-t-il.

— Ce n’est qu’un emblème de sa bande, supposa Cassius. Les guildes aussi ont ce genre de signes distinctifs, c’est courant.

— Cet emblème-ci, cette marque, n’a rien de courant, assura le halfelin, secouant la tête.

— Quoi, tu le connais ?

— Mes amis doivent parler à la prisonnière. Sur-le-champ.

— Quand nous en aurons fini avec elle, intervint le conseiller Tamaroot.

— Non, tout de suite ! insista Régis, affrontant directement l’homme. Sinon, mon bon Tamaroot, il te faudra expliquer au roi Bruenor ce délai supplémentaire alors que la vie de son fils est sans doute en jeu…

S’ensuivirent force murmures par toute la salle.

Gemme Poivre se contenta de baisser un regard furieux sur le petit homme. Il eut l’impression très nette qu’elle ne voyait pas de quoi il parlait, qu’elle n’avait guère idée de la signification de ce symbole.

Il espérait, pour le bien de cette femme, que tel était le cas !

 

* * *

 

Quelques soirées plus tard, Drizzt trouva son ami nain en haut d’un endroit calme et sombre qu’on appelait la Rampe de Bruenor, dans la petite vallée rocheuse au nord-est de Bryn Shander où le clan prospectait, entre Maer Dualdon et le lac Dinneshere. Bruenor, où qu’il vive, se ménageait toujours une retraite élevée de ce genre, à laquelle il donnait chaque fois le même nom – autant pour décourager les intrus potentiels que par orgueil.

C’était là qu’il aimait réfléchir, le lieu serein où il prenait du recul par rapport aux épreuves quotidiennes, aux obligations dues à son rang. Là, et là seulement, le nain toujours pragmatique, terre à terre, pouvait dans les nuits sombres se laisser un peu aller, permettait à son esprit de s’élever plus haut que l’autorisait d’ordinaire son imagination bridée. Là, il s’interrogeait sur le sens et la fin de tout.

C’était là aussi, en haut de son chemin d’escalade personnel, que Drizzt avait trouvé Bruenor non loin de Castelmithral, quand le yochlol avait pris Wulfgar et que tous avaient cru l’immense barbare mort au combat. Le nain avait à ce moment l’air aussi sinistre qu’alors !

Aussi silencieux que les nuées filant sous les étoiles, le drow vint près de son ami, attendit patiemment.

— On aurait pu croire qu’le perdre une deuxième fois serait plus facile, déclara enfin Bruenor. Surtout que, quand il nous a laissés, il était aussi puant qu’un orque !

— Tu ne sais pas si tu l’as perdu, lui rappela Drizzt.

— Y a pas un seul dessin comme ça dans l’monde ! Et la voleuse a bien dit qu’c’était un marteau qui lui avait fait.

Gemme n’avait en effet montré aucune réticence à informer les compagnons lors de la discussion avec eux qui avait suivi sa présentation au Conseil. Elle avait admis que la marque lui avait été infligée par son commandant de vaisseau, une femme. Sur l’insistance de ses interrogateurs, elle avait aussi avoué que ledit commandant – Sheila Kree – était un pirate, qu’elle réservait l’honneur de ce marquage à ses lieutenants les plus fiables.

Le drow éprouvait une profonde compassion pour Bruenor. Il avait envie de lui faire remarquer que, selon les déclarations de la prisonnière, les seuls éléments de grande taille dans cette bande de pirates étaient les ogres d’un clan avec qui Sheila Kree s’était alliée pour les travaux de force et la manœuvre à la barre. Apparemment, au moins, Wulfgar n’était pas devenu un hors-la-loi ! Mais Drizzt préféra s’abstenir : si le barbare n’était pas complice de ces bandits, l’autre possibilité paraissait bien pire encore.

— Tu crois que cette maudite Kree aurait tué l’fiston ? demanda le nain dont les pensées avaient dû suivre un chemin similaire à celui du drow. Ou bien qu’c’était quelqu’un d’autre, un chien qui l’a abattu pour vendre ensuite l’marteau au pirate ?

— Je ne pense pas que Wulfgar soit mort, retourna Drizzt sans hésiter. (Son ami lui jeta un regard intrigué.) Il aurait pu vendre le marteau… (Là, Bruenor eut l’air franchement sceptique.) En fuyant loin de nous, il a renié son passé ! Peut-être que se débarrasser de l’artefact était pour lui un pas de plus sur la route qu’il suivait.

— Ben tiens ! Ou p’t’être qu’il avait juste besoin des sous, répliqua le nain d’un ton si sarcastique que le drow préféra se taire.

En fait, il n’était pas convaincu lui-même. Il savait bien que Wulfgar se sentait lié à Crocs de l’égide, qu’il ne se serait pas davantage séparé de cette arme que de son propre bras.

— … Ou un vol, supposa-t-il après un moment de silence. Si, comme nous le croyons, Wulfgar s’est rendu à Luskan ou à Eauprofonde, il est très possible qu’il se soit retrouvé entouré de voleurs.

— D’assassins ! renchérit Bruenor en levant les yeux vers le ciel étoilé.

— Cela, nous n’en savons rien.

Le nain haussa les épaules ; quand il les baissa, elles parurent à son ami plus voûtées que jamais.

Le lendemain matin, des nuées sombres grondaient au sud, portées par les vents venus de l’Épine dorsale du Monde, menaçant de noyer la région sous des flots de pluie qui, en cette saison, mueraient le sol dégelé en un véritable marais. Pourtant, Drizzt et Catti-Brie quittèrent Dix-Cités au pas de course, en route pour Luskan. Ils allaient chercher les réponses dont les quatre amis avaient désespérément besoin.

La Mer des Épées
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